Je me sens toujours en partance

Toute ma vie, je me suis sentie en partance, dans du provisoire, dans des situations de vie qui ne peuvent pas durer. C'est une sensation bizarre de non appartenance.

Même maintenant, au moment où je prends pied dans un nouvel appartement, et où je viens de m'équiper de neuf, je combine et je me dis:"mais comment je vais faire quand je vais déménager?" Je pense à rappeler le livreur de la machine à laver le linge pour lui demander de me laisser le système qui bloque le tambour au cas où...Mais je viens d'arriver! je n'ai pas de meubles! et je pense déjà au moment où je devrais partir. Mais pourquoi je partirais? Je suis bien, là !

Oui, je me vis dans du provisoire absolu, et cela me rend triste, un tantinet morose.

Je ne rêve plus du prince charmant, car je sais depuis peu, qu'il n'existe pas. En fait, le prince charmant, c'est une vieille histoire racontée aux filles, et comme je suis une fille, je l'ai gobée.

Non....comme j'étais une fille je l'ai gobée.

Je sais depuis peu que je suis une femme. J'ai cru aux contes de fées. Mais est-ce bien des contes de fées ? est-ce bien les fées qui se cachent derrière les contes ?

A la lumière de ce que je sais aujourd'hui, je pourrais dire, que derrière toutes ces supercheries qui sont autant de croques en jambes faits aux filles, se cachent un adulte-mâle, qui a aimé se dépeindre en prince pour cacher sa laideur.

Aujourd'hui je me sens désabusée, lucide. C'est pour cela sans doute que je viens de prendre conscience de ce malêtre créé par ce voyage perpétuel, par ces amarres largués toujours plus loin pour fuir le grand méchant loup qui n'en finissait pas de me rattraper et de me croquer.

C'est décidé, je m'ancre en moi-même, et je m'installe.