Mon arbre est tombé. Mon paysage ne sera plus jamais ce qu'il était

La déchirure est profonde.

je ne sais pas quand cela est arrivé...il y a deux mois sans doute. Suite aux derniers orages... J'ai crapahuté dans ma chêneraie pour le plaisir de le retrouver.

Les autres fois, quand je montais vers mon bout de colline où mon mazet est bien caché, je n'allais plus le saluer. Je me contentais d'arpenter le chemin commode pour me positionner face aux arbres de ma perpétuité. Je les contemplais, imaginant le passage du sanglier, contemplant sa trace sur l'écorce.

Et puis, le désir fulgurant me prit de le retrouver enfin, comme une amoureuse revient vers son fiancé. J'étais sure qu'il serait toujours là pourtant, il était là depuis si longtemps, droit et majestueux. Son ramage altier dressé vers le ciel. Il caressait les nuages du bout de ses feuilles ciselées.

La foudre sans doute...la foudre aura eu raison de ce centenaire. Il a été fauché, terrassé comme un grand homme. D'un coup d'un seul. Il a rendu sa sève et son âme sans doute.

J'étais à la croisée de mon histoire, à la croisée d'un chemin de vie que j'ai quitté, définitivement quitté. Une peine que j'ai lâché, que j'ai posé. Au même instant, il disparait aussi, et sa matérialité me rend triste, me renvoie à un deuil que j'ignorais.

Le plus dur maintenant, est de le voir régulièrement casser mon mur en pierre sèche; il déstabilise mon édifice. La seule solution serait de l'ôter, de le tirer, de le tronçonner et je me sens paralysée. Je réclame un bûcheron, je tente de faire entendre ma voix dans l'écho de ma demande mais le son se perd.